La menace se concrétise. 400 auteurs de bande dessinée ont posé l’ultime condition de leur participation au prochain Festival d’Angoulême, dans une tribune publiée jeudi 27 avril dans L’Humanité : «Si [le Festival] ne se décide pas à dénoncer ce contrat en bonne et due forme […] nous appellerons à boycotter massivement la prochaine édition du Festival en 2026». Ce fameux contrat, c’est celui qui lit l’association du Festival international de la bande dessinée d’Angoulême (FIBD) et l’entreprise privée 9eArt +, organisatrice de la manifestation annuelle depuis 2008. Le directeur général de la société, Franck Bondoux, pourrait bien prendre le contrôle exclusif du FIBD, quelques semaines seulement après une enquête de l’Humanité Magazine mettant en lumière ses profondes défaillances, entraînant une violente polémique.
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«Depuis plusieurs mois, nous, professionnel.les de la bande dessinée, auteur.ices et autres travailleur.euses du milieu, interpellons l’Association du FIBD d’Angoulême sur la nocivité du contrat qui la lie avec la société 9e Art +, depuis près de vingt ans. Une société dont les pratiques managériales ont été questionnées dans plusieurs articles de presse, dont une enquête de l’Humanité Magazine qui révèle notamment le licenciement d’une employée après qu’elle a dénoncé un viol lors de la 51e édition», écrivent les bédéistes dans leur tribune, dont Anouk Ricard, récompensée par le Grand Prix en 2025.
Turn-over et burn-out
L’enquête a permis de relever les sérieux doutes autour des finances du festival. L’affluence lors de l’événement ne se porterait pas aussi bien que ce que revendique Franck Bondoux, avec un déficit de 250 000 euros en 2024. A cela s’ajoute un management toxique, avec un fort turn-over des équipes depuis dix ans et une vague de burn-out. Autre élément inquiétant révélé par l’enquête : une employée du festival aurait été licenciée par 9eArt + après avoir dénoncé son viol par un collègue durant l’édition 2024.
Si l’Association du FIBD a bien «évoqué la possibilité de dénoncer le contrat qui la lie avec la société 9e Art +», avancent les auteurs, «elle semble vouloir concrétiser son projet de fusion en SAS avec 9e Art +, qui deviendrait, de fait, gérant illimité du festival». «Face à cet aveuglement et à cette obstination», les bédéistes font pression, et rappellent au FIBD leur importance pour la survie du festival d’Angoulême. Et la catastrophe que cela pourrait représenter pour les organisateurs en 2026. «Sans nous, cette édition sera une coquille vide !», clame le collectif.