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Annonces sur le budget : derrière «l’année blanche», une augmentation d’impôt déguisée

Selon le directeur général de l’OFCE, le gel des barèmes de l’impôt sur le revenu et de la contribution sociale généralisée, annoncé ce mardi 15 juillet par François Bayrou, va affecter de nombreux ménages, notamment chez les retraités.
Lors de la présentation du budget 2026 par François Bayrou, le 15 juillet à Paris. (Albert Facelly/Libération)
publié le 15 juillet 2025 à 20h04

Le gouvernement n’a eu de cesse de le répéter : la hausse des impôts, c’était sa ligne rouge à ne pas franchir. Et sur le papier, lors de la présentation des orientations budgétaires pour 2026, ce n’est pas ce que François Bayrou a annoncé. «Nous devons partager une année blanche qui concerne toutes les catégories de français […] les barèmes de l’impôt sur le revenu et celui de la contribution sociale généralisée (CSG) resteront inchangés», a déclaré le Premier ministre ce mardi 15 juillet.

Mais en réalité – si on se concentre sur le barème de l’impôt sur le revenu – sa non-indexation revient à augmenter en proportion l’impôt lorsque le revenu du contribuable suit l’inflation. «Le gel de ce barème revient à une augmentation d’impôts», traduit Xavier Timbeau, directeur de l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE). Concrètement, avec cette mesure, «les 17,5 millions de ménages déjà imposables paieront davantage et 280 000 commenceront à en payer», précise-t-il. Pour rappel, actuellement, le premier barème au-dessus duquel on devient imposable est fixé à 11 497 euros de revenus annuels. Passé ce cap, entre 11 498 et 29 315 euros, le taux d’imposition s’applique à 11 % pour la première des cinq tranches. En conservant ce barème, en 2026, selon Xavier Timbeau, un quart des ménages (les plus pauvres) «ne serait pas concerné du tout, et les 75 % restants verront leur contribution augmenter de façon progressive». Le gel de ce barème devrait rapporter 2,6 milliards d’euros au gouvernement, selon les estimations de l’OFCE.

Quant à la CSG, en ce qui concerne les retraités, le président de l’Observatoire indique que l’impact du gel de son barème sera «moins progressif». Pour ceux qui ont le taux de CSG dit «normal» à 8,3 % et qui correspond aux retraités dont la pension de retraite individuelle s’élève à plus de 26 000 euros par an, le gel du barème n’aura pas d’impact. En revanche, pour les seniors exemptés de cette cotisation – dont la pension de retraite ne dépasse pas les 12 817 euros –, la revalorisation de leur pension en fonction de l’inflation pourrait leur faire passer le premier seuil, pour atteindre le taux de 3,8 %. «Des personnes proches du seuil qui ne payaient pas pourraient devoir payer 450 euros par an», pointe Xavier Timbeau, sans pouvoir préciser combien de retraités seront concernés.

Si ces barèmes n’auraient pas été très revalorisés cette année à cause de la faible inflation (estimée à moins de 2 % en 2026), selon le président de l’OFCE, leur gel, qui aura un impact «sur de nombreux ménages, pourra être l’un des arguments du Rassemblement national et de la gauche pour censurer le budget».

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