Qu’est-ce qu’une affaire d’Etat ? Ce n’est pas le simple fait, si grave soit-il, qu’un jeune homme soit tué par un policier ou un gendarme lors d’une interpellation. C’est l’effroyable banalité de ces morts dans les quartiers populaires dont la liste ne cesse de s’allonger. Quand les «accidents» se multiplient ainsi, on ne saurait parler d’accidents ; la récurrence ne permet plus de les qualifier de bavures. Ce ne sont pas des faits divers, ni même des faits sociaux ; il s’agit de faits politiques.
Chacune de ces histoires le confirme, il en va de la responsabilité des responsables – non seulement, bien sûr, de celui qui a appuyé sur la gâchette, mais aussi, et surtout, de l’appareil d’Etat qui, à tous les niveaux et jusqu’au plus haut, se rend complice de ces événements tragiques à répétition.
Le 4 août 2021, à Marseille, dans le quartier de la Belle de Mai, Souheil El Khalfaoui, 19 ans, a été tué d’une balle tirée à bout portant par un policier ; c’était lors d’un contrôle, au lendemain d’un refus d’obtempérer qui s’est terminé par la fuite du conducteur. Tout cela est ter