Il est des instants dans l’histoire des institutions, tout comme dans celle des hommes, où un refus politique engendre une résistance qui résonne avec une intensité telle qu’elle semble suspendre le cours du temps.
C’est comme si l’univers lui-même retenait sa respiration céleste un instant devant la survenue d’un acte de courage étonnant. Ainsi en est-il de l’université Harvard, cette vénérable maison du savoir universel, dont les murs, patinés par les siècles et les rêves de générations d’étudiants studieux, se dressent aujourd’hui non plus seulement comme les témoins d’un passé glorieux, mais comme les remparts d’une liberté fondamentale menacée.
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Car, ce n’est point une simple querelle administrative, un banal différend budgétaire qui oppose désormais l’université à l’administration du président Trump, mais bien une lutte, sourde et éclatante à la fois, entre deux visions du monde : l’une, attachée à la lente et patiente élaboration du savoir, à la diversité des voix, à la complexité des idées ; l’autre, empressée de réduire la pensée à des slogans politiques patinés d’apostrophes ordurières, et de soumettre l’enseignement à l’orthodoxie d’un pouvoir qui, sous prétexte de protéger vénérablement contre l’antisémitisme, cherche en fait à dominer totalement la pensée.
Porter haut l’étendard de la liberté académique
Dans ce combat titanesque entre une université et un Etat, les mots eux-mêmes deviennent des armes ; chaque déclaration, chaque refus, chaque silence même, prend la densité d’un manifeste de sédition à l’oppressio