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Contre-attaque

Loi Duplomb sur les pesticides : la gauche saisit le Conseil constitutionnel

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Les députés insoumis, écologistes et communistes ont déposé, ce vendredi 11 juillet, un recours devant l’institution, estimant que la réintroduction de l’acétamipride est incompatible avec la préservation de l’environnement et le droit à la santé.
Le Conseil constitutionnel, à Paris, le 20 mai. Les députés contestent la loi agricole sur le fond comme sur la forme. (Henrique Campos/Hans Lucas. AFP)
publié le 11 juillet 2025 à 19h55

La gauche n’a pas dit son dernier mot. Les députés insoumis, écologistes et communistes ont déposé, ce vendredi 11 juillet, un recours au Conseil constitutionnel contre la loi agricole dite Duplomb, contestée sur le fond comme sur la forme. Pour les parlementaires de gauche, elle est incompatible avec la préservation de l’environnement et le droit à la santé.

Définitivement adoptée le 8 juillet à l’Assemblée nationale, cette loi du sénateur LR Laurent Duplomb prévoit notamment la réintroduction à titre dérogatoire et sous conditions de l’acétamipride, pesticide de la famille des néonicotinoïdes, interdit en France mais autorisé en Europe. Le texte prévoit une réintroduction sans délai, avec toutefois une clause de réexamen par un conseil de surveillance, trois ans après, puis annuelle.

«Protection de la santé humaine»

Mais pour les requérants, la dérogation elle-même «n’est pas encadrée ni dans l’espace, ni dans le temps», et «l’usage des néonicotinoïdes n’est pas circonscrit à des filières de productions agricoles définies». Ils jugent que la réintroduction même à titre dérogatoire contrevient aux principes de précaution et de non-régression environnementale. Ils estiment également qu’il n’existe aucune «caractérisation juridique de ce que pourrait constituer une menace grave compromettant la production agricole», censée fonder la dérogation pour utiliser l’acétamipride.

«Les connaissances scientifiques des effets de l’acétamipride sur la santé humaine ont mis en lumière des préoccupations encore plus inquiétantes qu’elles ne l’étaient en 2016, lors de l’adoption de la loi interdisant ces produits», arguent-ils encore, estimant que la «loi méconnaît l’objectif à valeur constitutionnelle de protection de la santé humaine».

Le recours vise également les mesures facilitant l’agrandissement ou la création de bâtiments d’élevage intensif. Lors de l’enquête publique, des réunions d’information pourront être remplacées par une permanence en mairie. Selon les parlementaires, cette disposition restreint «la capacité du public à s’informer et à s’investir dans la démocratie environnementale locale».

Ils visent aussi l’article qui prévoit notamment une présomption d’«intérêt général majeur» pour certains ouvrages de stockage d’eau, dans l’intention de faciliter les constructions. Les requérants jugent que cette présomption «dispense les autorités d’examiner les risques environnementaux».

«Vice de procédure»

Enfin sur la forme, les auteurs du recours dénoncent les conditions d’examen du texte. A l’Assemblée, il avait fait l’objet d’une motion de rejet préalable, déposée par son propre rapporteur Julien Dive (LR) pourtant favorable à la loi. Ce dernier l’avait justifié par l’«obstruction» de la gauche, qui avait déposé plusieurs milliers d’amendements.

Elle a été utilisée «pour empêcher l’Assemblée nationale de débattre, et l’opposition d’exercer son droit constitutionnel d’amendement». Les auteurs du recours soutiennent donc «que l’ensemble de ce texte, adopté sans débat, doit être censuré pour vice de procédure».

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