Une chrysalide. Quelques fissures ici et là. Un papillon encore en pleine métamorphose dont on ne verra pas tellement la couleur tandis que l’on débarque à Marseille, ville où l’on n’avait jamais mis les pieds et où on a bien failli se perdre. Cela fait pas mal d’inconnues pour l’équation qu’est Sophye Soliveau. On avait pourtant déjà rencontré la chanteuse et harpiste, qui navigue entre «néo-soul» et jazz, à l’occasion de la sortie de son éblouissant premier album, Initiation, paru l’an dernier. Une chaleur certaine avait ponctué notre premier échange. Alors, ici, à Marseille, où elle s’est installée en début d’année pour fuir la pression parisienne et embrasser la solitude, pourquoi parler d’inconnues ? Parce que le papillon dont on avait un brin touché les ailes du doigt a choisi de retourner dans sa chrysalide.
Sur un rooftop de la Canebière où elle a donné rendez-vous, il y a comme une intensité prise en étau alors que nous sommes au grand air avec vue quasi panoramique. Un entretien en dents de scie quand sa musique à elle est pleine, ronde, parfaitement ajustée. Eclats de rire retentissants, sourires confus, longs soupirs, accords parfaits ou notes dissonantes. Sans parler de moments suspendus