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Annonces sur le budget : aux maux de la santé, Bayrou propose les remèdes habituels

Pour réduire les dépenses de l’assurance maladie, le Premier ministre a notamment annoncé, ce mardi 15 juillet, deux mesures : le doublement de la franchise sur les dépenses de médicaments et la révision du système des affections longue durée.
François Bayrou à Paris, le 15 juillet 2025. (Albert Facelly/Libération)
publié le 15 juillet 2025 à 20h09

On ne compte plus les alertes sur le déficit de l’assurance maladie. 13,8 milliards d’euros en 2024, avec le risque de plonger à 16 en 2025. Alors François Bayrou, qui a présenté ses orientations budgétaires ce mardi 15 juillet, était attendu sur ce volet. Et il a dressé le cap : faire baisser le coût de la santé, dans le cadre d’une réduction de 5 milliards d’euros des dépenses sociales annuelles.

Mesures délétères

Aux grands maux les remèdes habituels. Revoici donc l’augmentation de la franchise annuelle sur les remboursements des dépenses de médicaments, c’est-à-dire la somme fixe que les patients doivent payer eux-mêmes. Depuis mars, ils déboursent un euro – et non plus 50 centimes – sur chaque boîte de médicaments achetée, avec un plafond ne pouvant pas dépasser 50 euros par an. Moins de six mois plus tard, le Premier ministre annonce : «Nous pousserons ce plafond à 100 euros.» Sans dire si seuls les médicaments seront concernés ou si les actes médicaux et les transports sanitaires le seront également. On imagine déjà les protestations des associations de patients, qui dénoncent ces mesures délétères pour l’accès aux soins des plus vulnérables.

Elles devraient avoir la même réaction face à l’autre grand volet énoncé par François Bayrou : la révision du statut des affections longue durée (ALD). Il concerne un peu plus de 13 millions de Français, un chiffre qui devrait augmenter eu égard au vieillissement de la population. Conformément aux préconisations de la Caisse nationale de l’assurance maladie (Cnam) mi-juin, le gouvernement veut s’orienter vers la «sortie du statut» dans certains cas – la Cnam évoquait l’exemple de rémissions de cancers – et la fin du remboursement à 100 % des médicaments «sans lien» avec la maladie. A l’heure actuelle, les patients reconnus en ALD exonérantes voient les frais liés aux soins de leur maladie pris en charge intégralement.

Rhétorique classique

Autre chiffon rouge brandi par l’exécutif : la «dérive» des arrêts maladie. «Les dépenses augmentent de 6 % par an depuis la crise sanitaire, cette dynamique doit nous interroger», a estimé Catherine Vautrin, la ministre de la Santé. Plutôt que de se pencher sur les causes, le chef de l’exécutif a pointé des arrêts «injustifiés»«50 %» des «arrêts de plus de dix-huit mois» – et l’imbroglio administratif qui empêche un salarié de retravailler après trente jours d’arrêt maladie sans voir le médecin du travail, dans un contexte de pénurie de ces professionnels.

L’exécutif n’a développé que quelques mesures, mais donne dans la rhétorique classique : «Responsabiliser les patients.» Aussi désignés par François Bayrou comme des «consommateurs» trop penchés sur les antibiotiques, n’ayant pas conscience du prix, que les réhaussements de franchise doivent rendre «plus visibles», pour Catherine Vautrin. Ils se sont gardés de mettre tout de suite le feu aux poudres en ne mentionnant pas, ou très succinctement, d’autres acteurs comme les soignants – qui figuraient pourtant sur le diapo accompagnant le discours de la ministre. Après tout, les libéraux protestaient dans les rues parisiennes il y a deux semaines à peine.

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