Après deux décennies entre quatre murs, la liberté retrouvée. Serge Atlaoui, ex-condamné à mort en Indonésie pour trafic de drogue puis transféré et incarcéré en février dernier en France, est sorti de la prison de Meaux (Seine-et-Marne) ce vendredi 18 juillet. «Il va respirer une liberté attendue, espérée depuis tant d’années», se réjouissait sa femme Sabine Atlaoui qui avait annoncé sa libération plus tôt dans la matinée, sur l’antenne RTL.
Vêtu d’un pantalon gris et d’un tee-shirt blanc, l’homme de 61 ans a été accueilli à sa sortie par son avocat, Me Richard Sédillot, à qui il a fait une longue accolade. «Jamais je n’aurais cru que ça arriverait […], il était temps, après vingt ans», a déclaré Serge Atlaoui devant les quelques médias présents.
«C’est une journée exceptionnelle aujourd’hui pour ma famille, mes proches, tous ceux qui m’ont soutenu», a-t-il ajouté, racontant que «l’éloignement et la solitude» avaient été «le plus dur à supporter» durant toutes ces années. La voix légèrement teintée d’émotion et les yeux brillants, il a raconté avoir dit «au revoir et à jamais» aux surveillants pénitentiaires avant de sortir.
Profil
«Imaginer qu’il y a quelques années, il était au bord de la mort, que son cercueil avait été fabriqué, qu’on nous annonçait déjà qu’il allait être exécuté […], je me dis aujourd’hui que la persévérance et le travail payent», a réagi son avocat Me Richard Sédillot, se disant «très heureux».
Serge Atlaoui, condamné en Indonésie pour narcotrafic et détenu depuis 2005, a passé dix-sept ans dans le couloir de la mort. Sa peine ayant été commuée en droit français en 30 années de réclusion criminelle par le tribunal de Pontoise en février, l’artisan-soudeur était théoriquement éligible à la libération conditionnelle depuis 2011, selon les règles françaises.
Originaire de Metz, Serge Atlaoui, avait été arrêté en 2005 dans une usine près de Jakarta où des dizaines de kilos de drogue avaient été découvertes. Les autorités indonésiennes l’avaient accusé d’être un «chimiste». Le Français s’est toujours défendu d’être un trafiquant de drogue, affirmant qu’il n’avait fait qu’installer des machines industrielles dans ce qu’il croyait être une usine d’acrylique.
Pression diplomatique intense
Initialement condamné à la prison à vie, il avait vu la Cour suprême indonésienne alourdir la sentence et le condamner à la peine capitale en appel en 2007. L’affaire avait fait grand bruit en Indonésie, où la législation antidrogue est l’une des plus sévères du monde. Mais aussi en France où des personnalités s’étaient mobilisées pour le soutenir, en faisant un symbole de la lutte contre la peine de mort.
Serge Atlaoui devait être exécuté aux côtés de huit autres condamnés en 2015, mais avait obtenu un sursis de dernière minute après une pression diplomatique intense de la part des autorités françaises. «Très clairement, le travail diplomatique durant toutes ces années a fait revenir mon mari et a pu faire en sorte qu’en France, on puisse avoir une issue de liberté pour nous», a conclu Sabine Atlaoui au micro de RTL.
Mise à jour : à 11h32, avec l’ajout des déclarations de Serge Atlaoui et de son avocat.