
Reportage
«Une carpe peut être vendue jusqu’à 20 000 euros» : le poisson d’eau douce au cœur d’un braconnage juteux
Et soudain, les moulinets des cannes à pêche s’arrêtent de tourner. Les lignes sont relevées, les hameçons sortis de l’eau. Bravant les torrents de pluie, ce mercredi 25 juin, Nathalie M’Baye, garde-pêche bénévole, fait irruption aux abords de cet étang de Saint-Quentin-en-Yvelines. «Messieurs, contrôle des cartes de pêche», lance la quinquagénaire à l’attention de deux pêcheurs. Celle qui est aussi monitrice et guide de pêche épluche chaque document, sans être déconcentrée par les éclairs qui grondent. Tout est en ordre. Pas de procès-verbaux dressés.
Nathalie M’Baye reprend sa ronde, écusson «garde de pêche assermentée» bien visible sur l’épaule. Elle traque chaque braconnier, en particulier ceux qui s’attaquent aux carpes, ce «poisson d’eau douce qui se monnaye à prix d’or sur le marché noir». «C’est le principal type de braconnage auquel on doit faire face», ajoute-t-elle, chignon tiré à quatre épingles sous la capuche. Depuis plusieurs années, des centaines de carpes sont ainsi prélevées illégalement dans les plans d’eaux publics par des «pêcheurs véreux»